samedi 3 juillet 2010
jeudi 1 juillet 2010
EN MARGE DU SPAGHETTI:"IL ETAIT UNE FOIS LA LEGION", DICK RICHARDS, 1976.
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Richards met en oeuvre un troisième réflexion sur le cinéma du passé, par la relecture d'un sous-genre bien codifié, tant à Hollywood que dans le cinéma français d'avant-guerre: le film de légionnaire, investissant le cinéma d'aventures, d'amour, l'épopée et le film d'hommes. Les péripéties des légionnaires au Maroc, en 1918, évoquent le western. Légion étrangère et tribus marocaines remplacent tuniques bleues et tribus indiennes. Le meneur d'homme, capitaine de la Légion étrangère (Gene Hackman), est d'ailleurs un ancien officier de l'armée de USA.
Richards, doté de moyens financiers importants, s'entoure de quelques vedettes internationales: Gene Hackman, dont la percée est étonnante dans les années 1970, interprète reconnu de quelques individualistes en rupture sociale (L'épouvantail) ou désabusés par l'ordre qu'ils contribuent à instituer (French Connection); Max von Sydow vient de chez Ingmar Bergman mais a fait une apparition remarquée dans Les Trois Jours du Condor (1974); Catherine Deneuve, french touch distante et élégante, oscille d'un rôle à l'autre entre les cinémas du monde entier, de Luis Bunuel à Robert Aldrich (La cité des Dangers, 1975).
La surprise du film, c'est le rôle du beau légionnaire confié à Terence Hill, consacré internationalement dans le cinéma à budget (très) élevé par Mon Nom est Personne, juste trois ans auparavant et véritable argument commercial du film. Hill, qui, par ce film, pense s'ancrer à Hollywood, prend la succession de Gary Cooper ou Jean Gabin dans un rôle taillé sur mesure. Ce sera sa dernière interprétation dramatique. L'échec relatif de la superproduction de Dick Richards met un terme volontaire à sa carrière hollywoodienne.
Les seconds rôles sont tout aussi soignés: Rufus, Marcel Bozzuffi, acteurs français très "couleur locale'" au sein de la Légion, Ian Holm, pour ne citer que les plus connus. Maurice Jarre, le compositeur des grandes fresques de David Lean, signe la musique. John Alcott, chef-opérateur de Stanley Kubrick , fort connu pour ses recherches savantes sur l'éclairage à la bougie dans Barry Lyndon (1975) achève de donner le lustre cinéphile haut-de-gamme à l'entreprise ambitieuse, par des images savamment composées et éclairées.
Tourné essentiellement en Espagne, au coeur même des territoires du western spaghetti, dans les provinces d'Almeria et de Grenade, et pour une petite partie au Maroc, Il était une fois la Légion s'impose, avec le temps, tout à la fois comme hommage nostalgique au cinéma des années 30 et 40 et comme témoignage de ce que le cinéma pouvait encore produire et se permettre il y a 35 ans: une imagerie classique et cultivée, miroir des rêves hollywoodiens perdus, pour un public sensible à l'exotisme puissant du dépaysement cinématographique, mais contenu par des codes bien établis. Il était une fois la Légion devient lui-même l'archétype d'un cinéma révolu.
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Dick Richards recyle le Fort El Condor, Llanos del Duque, Gergal (Almeria), restauré pour l'occasion par l'équipe espagnole de Gil Parrondo, décorateur oscarisé pour Patton, autre grosse superproduction tournée à Almeria (Franklin J. Shaffner, 1969) . Les travaux débutent cinq semaines avant le tournage almeriense, commencé le 23 septembre 1976. Il était une fois la Légion marque le crépuscule des productions de prestige, à décors et figuration. Le film est tourné conjointement en 1.33 et en 1.85, prévu à la fois pour l'écran large et, déjà, l'écran de télévision, débouché final et naturel de l'exploitation du film.
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Curieusement, dans la foulée de March or Die, en 1977, Marty Feldman, collaborateur et acteur de Mel Brooks, transpose lui aussi l'histoire de Beau Geste dans une parodie délirante (Mon Beau Légionnaire), qui devait être initialement tournée à Almeria et où Feldman, par l'emploi d'un trucage simple, se trouve opposé à Gary Cooper...
Sources:
Ciné Revue N° 7, 16 février 1978.
José Marquez Ubeda, Almeria Plato de Cine, Instituto de Estudios Almerienses, 2009.
"LE WESTERN ITALIEN", LAURENCE STAIG, TONY WILLIAMS.
Le Western Italien, couverture de l'édition française (1977).
Si l'ouvrage de Laurence Staig et Tony Williams n'est pas, en 1975, la première synthèse consacrée au genre, il est probablement le premier à offrir un panorama du western spaghetti sous la forme autonome d'un livre.
Publié en Angleterre sous le titre programme: Italian Western The Opera of Violence, (1975), le travail de Staig et Williams devient très vite une référence souvent utilisée par les successeurs. Son architecture dessine le prototype de toute publication ultérieure dédiée au western italien. Staig et Williams ouvrent bien des voies sur les images et les thèmes propres au genre, par la suite développées avec plus ou moins d'originalité. Dans le fond, rien de bien nouveau ne sera écrit qu' ils n'aient déjà plus ou moins explicitement dit . Une attention particulière est aussi faite à la musique.
Par chance, un petit éditeur de langue française a la bonne idée de traduire le livre en 1977 et malgré une diffusion confidentielle, Le Journal de Spirou en fait une courte publicité sous forme critique, élogieuse. Le Western Italien, de Staig et Williams devient incontournable pour l'amateur, dans le désert des publications alors consacrées au westen européen.
Agé maintenant de 45 ans, Le Western Italien passe fort bien l'épreuve du temps, en dépit de petites erreurs dues à la technique critique d'alors: prises de notes manuscrites dans les salles obscures, à la lueur d'une petite lampe de poche, et ou enregistrement sur cassette des bandes son.
Les auteurs dressent une liste de 200 films, à rectifier parfois: Maintenant on l'appelle Plata n'est pas vraiment un western, même si l' équipe Colizzi, Spencer et Hill s'y retrouve; quelques titres sont mal traduits en français; certaines dates correspondent à la sortie internationale d' un film, pas à sa date de production et tournage.
Si l'occasion se présente, l'afficionado de western spaghetti ne doit pas hésiter à acquérir Italian Western The Opera of Violence. Il reste aussi un précieux témoignage sur une perception du western spaghetti contemporaine au genre.
Italian Western The Opera of Violence, couverture de l'édition originale anglaise (1975).
Laurence Staig, Tony Williams, Italian Western The Opera of Violence, Lorrimer, Londres, 1975.
Laurence Staig, Tony Williams, Le Western Italien, Marc Minoustchine, 1977, pour la traduction française.
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