dimanche 12 décembre 2010

D' UN SCENARIO A L'AUTRE, UNE HISTOIRE DE LIEU.

Angelo Novi, photographe de plateau, sur le set de Le Bon la Brute et le Truand, Sergio Leone, vers juin 1966, Estacion de La Calahorra (Grenade)...


Le Bon la Brute et le Truand, Sergio Leone, vers juin 1966, photo de tournage d'Angelo Novi, Estacion de La Calahorra.

Tout au fond, derrière les wagons et de l'autre côté de la voie ferrée, perdue dans la plaine agricole du Marquesado, la fermette andalouse...


... intégrée ( à gauche de l'image), quelques années plus tard à Poblado Leone, (1968).
En août 1982, le décor est en ruine, le Saloon marque encore le centre du set.


Face au Saloon, Henry Fonda observe Charles Bronson, surgi d'une fenêtre d'angle, Il était une fois dans l'Ouest, Sergio Leone, 1968.
Cet été 1982, les lieux se sont vidés de toute présence humaine...


Vraiment personne ..?



Estacion de La Calahorra (Grenade), point de vue sur l'Altiplano du Marquesado:
-Mon Nom est Personne, Tonino Valerii, été 1973.
-Jo, Ektachrome, vers 1989.
-reconstruction panoramique.



Sources iconographiques :
Fonds Angelo Novi.
Les bons, les sales, les méchants et les propres de Sergio Leone, Gilles Lambert, Solar, 1976.
Il était une fois dans l'Ouest, DVD CVC, 2002.
Mon Nom est Personne, DVD Mondo Home Entertainment, 2005.
JO, Kodachrome, 1982; Ektachrome, 1989.



lundi 22 novembre 2010

UNE LETTRE DE TONINO VALERII : QUELQUES MESSIEURS TROP TRANQUILLES.

Un club de retraités anglais, Per Il Gusto di Uccidere, Tonino Valerii, set d'El Paso, N.340, Tabernas, vers février 1966.
Tonino Valerii a eu la gentillesse de répondre à ma question sur le nom de ce figurant anonyme, le second joueur de carte à gauche, image ci-dessus. Cette demande a été transmise par Ernesto Gastaldi. Je les remercie tous deux vivement pour la rapidité et la générosité de leur réponse.


L' homme apparaît dans Per il Gusto di Uccidere (Tonino Valerii, 1966), Le Bon la Brute et le Truand (Sergio Leone, 1966), Il était une fois dans l'Ouest (Sergio Leone, 1968), Mon Nom est Personne (Tonino Valerii, 1973), où il est Dirty Joe, son rôle le plus abouti dans une longue scène , face à Henry Fonda, en retrait, et Terence Hill, qui mime la fable du petit oiseau.

Voici la réponse de Tonino Valerii, que je traduis et résume de l'italien:

Tonino Valerii identifie tout à fait ce figurant à celui qui joue le rôle de Dirty Joe dans Mon Nom est Personne (è la stesso chi ripeteva ne-Il mio nome è Nessuno- la favoletta della mucca, del canarino e del lupo).

Henry Fonda, Terence Hill, "X" Dirty Joe, Studios INCIR De Paolis, Rome, août 1973: quand un anonyme fait jeu égal avec les stars.


Tonino Valerii croit cependant n'avoir jamais connu le nom de cet homme, tout autant pendant le tournage de Per il Gusto di Uccidere que celui de Mon Nom est Personne.

En effet, la fameuse colonie anglaise d'Almeria, auquel cet homme appartient, colonie de retraités des postes britanniques (dans le commentaire audio de Mon Nom est Personne, Studio Canal, réalisé en 2003, Tonino Valerii parle de retraités des chemins de fer), était engagée dans son ensemble parce qu'ils n'étaient pas chers et qu'il y avait toujours un petit rôle pour l'un ou l'autre (ed erano sempre utilizzabili in qualche piccolo ruolo.)

Mais les noms étaient indistincts, et souvent les appeler créait un petit problème.

"Appelle celui avec une pipe, celui sans dents... ("Chiama quello co' a pipa; vedi'ndo sta quelle senza un dente ecc."

Ils vivaient dans une résidence construite sur la plage d'Almeria, locataires d'un soi-disant baron anglais qui avait la réputation d'être un espion britannique, sans que Tonino Valerii ne sut jamais bien si c'était une feinte (non si sa bene se delle delle barbe finte) ou quelqu'un de la brigade des stupéfiants chargé de la surveillance du port d'Almeria.

Tonino Valerii pense qu'ils sont sûrement cités dans les génériques de début, mais les identifier nominalement lui est impossible.

L'ombre va donc retomber probablement très longtemps sur cet homme.

"X", figurant anglais, anonyme, Dirty Joe, Mon Nom est Personne, Poblado Leone, Estacion de La Calahorra (Grenade), vers juillet-août 1973.


Sources d'informations (sur la colonie des retraités anglais d'Almeria au cinéma):
Ernesto Gastaldi et Tonino Valerii, courriel à l'auteur, 10 novembre 2010.
Tonino Valerii, commentaire audio de Mon Nom est Personne, enregistré en 2003, DVD Studio Canal, 2005.
Eli Wallach, The Good The Bad and Me: In My Anecdotages, Mariners Books, 2006.

lundi 1 novembre 2010

DES DECORS ET DES LIVRES (1).

José Marquez Ubeda, Almeria Plato de Cine, Instituto de Estudios Almerienses, 1999.



José Enrique Martinez Moya, Almeria un Mundo de Pelicula, Instituto de Estudios Almerienses, 1999.



Il n'y eut pendant bien longtemps aucun ouvrage de fond disponible sur les décors d'Almeria. C'est en 1999 que l'Instituto de Estudios Almerienses, la Région, publie deux ouvrages consécutifs sur la situation du cinéma à Almeria.


Le premier, signé José Marquez Ubeda , Almeria Plato de Cine, offre un calendrier illustré des tournages depuis le début des années 1950. Chaque film est présenté avec quelques informations sur les lieux précis de tournage, quelques anecdotes aussi.

Le second de José Enrique Martinez Moya, Almeria un Mundo di Pelicula, constitue une somme historique, économique, sociologique, de l'épopée du cinéma dans la province d'Almeria. Moya s'intéresse aux acteurs locaux du cinéma (figurants) et fait un détour par la province de Grenade, au décor de Poblado Leone, Estacion de La Calahorra.



Epuisés tous les deux depuis longtemps, seul le livre de José Marquez Ubeda est à nouveau disponible dans une réédition enrichie et corrigée, pour partie seulement, d'erreurs de lieux et de films -certains films mentionnés par Ubeda n'ont jamais été tournés en Andalousie, sous réserve de séquences coupées du montage d'exploitation que nous connaissons.

José Marquez Ubeda, Almeria Plato de Cine, Instituto de Estudios Almerienses, réed. 2009.


dimanche 3 octobre 2010

EL VALLE DE GWANGI : BLOG SUR ALMERIA ET LE CINEMA

Cette image saisissante d'une Seat 600 au Poblado del Oeste El Paso, N.340, Tabernas (Almeria), vers 1966-1970 (?) est issue d'un blog consacré au cinéma et Almeria, dont on attend avec impatience la suite, au vu des documents montrés :

http://jumajer.blogspot.com/

(El Valle de Gwangi).

jeudi 1 juillet 2010

EN MARGE DU SPAGHETTI:"IL ETAIT UNE FOIS LA LEGION", DICK RICHARDS, 1976.

Distribué par Gaumont en France au début de 1978, Il était une fois la Légion (March or Die), est une réalisation de 1976. Cette co-production largement anglo-saxonne est mise en scène par Dick Richards, cinéaste américain et auteur de deux long-métrages de genre, The Culpepper Cattle Co (1972), un western, et surtout Adieu ma Jolie (1975), une réinterprétation du film noir et de l'univers de Raymond Chandler louée par la critique.


Richards met en oeuvre un troisième réflexion sur le cinéma du passé, par la relecture d'un sous-genre bien codifié, tant à Hollywood que dans le cinéma français d'avant-guerre: le film de légionnaire, investissant le cinéma d'aventures, d'amour, l'épopée et le film d'hommes. Les péripéties des légionnaires au Maroc, en 1918, évoquent le western. Légion étrangère et tribus marocaines remplacent tuniques bleues et tribus indiennes. Le meneur d'homme, capitaine de la Légion étrangère (Gene Hackman), est d'ailleurs un ancien officier de l'armée de USA.


Richards, doté de moyens financiers importants, s'entoure de quelques vedettes internationales: Gene Hackman, dont la percée est étonnante dans les années 1970, interprète reconnu de quelques individualistes en rupture sociale (L'épouvantail) ou désabusés par l'ordre qu'ils contribuent à instituer (French Connection); Max von Sydow vient de chez Ingmar Bergman mais a fait une apparition remarquée dans Les Trois Jours du Condor (1974); Catherine Deneuve, french touch distante et élégante, oscille d'un rôle à l'autre entre les cinémas du monde entier, de Luis Bunuel à Robert Aldrich (La cité des Dangers, 1975).


La surprise du film, c'est le rôle du beau légionnaire confié à Terence Hill, consacré internationalement dans le cinéma à budget (très) élevé par Mon Nom est Personne, juste trois ans auparavant et véritable argument commercial du film. Hill, qui, par ce film, pense s'ancrer à Hollywood, prend la succession de Gary Cooper ou Jean Gabin dans un rôle taillé sur mesure. Ce sera sa dernière interprétation dramatique. L'échec relatif de la superproduction de Dick Richards met un terme volontaire à sa carrière hollywoodienne.


Les seconds rôles sont tout aussi soignés: Rufus, Marcel Bozzuffi, acteurs français très "couleur locale'" au sein de la Légion, Ian Holm, pour ne citer que les plus connus. Maurice Jarre, le compositeur des grandes fresques de David Lean, signe la musique. John Alcott, chef-opérateur de Stanley Kubrick , fort connu pour ses recherches savantes sur l'éclairage à la bougie dans Barry Lyndon (1975) achève de donner le lustre cinéphile haut-de-gamme à l'entreprise ambitieuse, par des images savamment composées et éclairées.


Tourné essentiellement en Espagne, au coeur même des territoires du western spaghetti, dans les provinces d'Almeria et de Grenade, et pour une petite partie au Maroc, Il était une fois la Légion s'impose, avec le temps, tout à la fois comme hommage nostalgique au cinéma des années 30 et 40 et comme témoignage de ce que le cinéma pouvait encore produire et se permettre il y a 35 ans: une imagerie classique et cultivée, miroir des rêves hollywoodiens perdus, pour un public sensible à l'exotisme puissant du dépaysement cinématographique, mais contenu par des codes bien établis. Il était une fois la Légion devient lui-même l'archétype d'un cinéma révolu.




Il était une fois la Légion, raconté par Roland Fougères, CineRevue N°7, 16 février 1978. Le titre français de March or Die fait écho aux films de Sergio Leone, auquel il emprunte les lieux et quelques réputations (Terence Hill).











Le Maroc en Espagne: la locomotive Baldwin 140-2054 sur la ligne de chemin de fer "Estacion de La Calahorra-Mines d'Alquife", Altiplano du Marquesado (Grenade), vers septembre 1976, trois ans après l'affrontement, au même endroit, de Jack Beauregard avec La Horde Sauvage (Mon Nom est Personne, Tonino Valerii, 1973). Un lieu de mémoire pour Terence Hill et pour Gene Hackman venu tourner ici quelques années auparavant Les Charognards (1971), de Don Medford et un air de déjà vu pour le spectateur.



Fuerte El Condor, vers octobre 1976.

Fuerte El Condor, vers avril 1989-1990.


Dick Richards recyle le Fort El Condor, Llanos del Duque, Gergal (Almeria), restauré pour l'occasion par l'équipe espagnole de Gil Parrondo, décorateur oscarisé pour Patton, autre grosse superproduction tournée à Almeria (Franklin J. Shaffner, 1969) . Les travaux débutent cinq semaines avant le tournage almeriense, commencé le 23 septembre 1976. Il était une fois la Légion marque le crépuscule des productions de prestige, à décors et figuration. Le film est tourné conjointement en 1.33 et en 1.85, prévu à la fois pour l'écran large et, déjà, l'écran de télévision, débouché final et naturel de l'exploitation du film.



Tristana et Trinita : Catherine Deneuve et Terence Hill ou la femme fatale et le vagabond romantique. Il n'est pas sûr que le public de Terence Hill, dans ses attentes, n'ait pas été contrarié par ce jeu trop sérieux , déroutant, sur des stéréotypes étrangers à l' univers comique de l'acteur italien.






Max von Sydow dans le tombe sacrée, en fait reconstituée dans les vestiges de l'Alcazaba d'Almeria, vers septembre-octobre 1976. L'acteur de Bergman donne une touche intellectuelle au film d'hommes.


Terence Hill, alors rival au box-office de Steve McQueen, Clint Eastwood ou Paul Newman. Un héros comique transporté dans l'héroisme dramatique.


Django et sa mitrailleuse sous l'uniforme du légionnaire: en moins de 10 ans, Terence Hill passe des films fauchés de Ferdinando Baldi (Django, prépare ton cercueil, 1967) à l'épopée hollywoodienne.


Ces séquences sont tournées au Maroc, mais s'y respire comme un air cinématographique de Little Big Horn... Il était une fois la Légion, en même temps film de cinéma et film sur le cinéma, fonctionne comme un jeu de poupées russes. Gene Hackman évoque dans les mémoires du spectateur, en 1976, la figure de Popeye, flic lucide et désenchanté, de French Connection.






Curieusement, dans la foulée de March or Die, en 1977, Marty Feldman, collaborateur et acteur de Mel Brooks, transpose lui aussi l'histoire de Beau Geste dans une parodie délirante (Mon Beau Légionnaire), qui devait être initialement tournée à Almeria et où Feldman, par l'emploi d'un trucage simple, se trouve opposé à Gary Cooper...


Sources:
Ciné Revue N° 7, 16 février 1978.
José Marquez Ubeda, Almeria Plato de Cine, Instituto de Estudios Almerienses, 2009.


"LE WESTERN ITALIEN", LAURENCE STAIG, TONY WILLIAMS.

Le Western Italien, couverture de l'édition française (1977).


Si l'ouvrage de Laurence Staig et Tony Williams n'est pas, en 1975, la première synthèse consacrée au genre, il est probablement le premier à offrir un panorama du western spaghetti sous la forme autonome d'un livre.



Publié en Angleterre sous le titre programme: Italian Western The Opera of Violence, (1975), le travail de Staig et Williams devient très vite une référence souvent utilisée par les successeurs. Son architecture dessine le prototype de toute publication ultérieure dédiée au western italien. Staig et Williams ouvrent bien des voies sur les images et les thèmes propres au genre, par la suite développées avec plus ou moins d'originalité. Dans le fond, rien de bien nouveau ne sera écrit qu' ils n'aient déjà plus ou moins explicitement dit . Une attention particulière est aussi faite à la musique.


Par chance, un petit éditeur de langue française a la bonne idée de traduire le livre en 1977 et malgré une diffusion confidentielle, Le Journal de Spirou en fait une courte publicité sous forme critique, élogieuse. Le Western Italien, de Staig et Williams devient incontournable pour l'amateur, dans le désert des publications alors consacrées au westen européen.



Agé maintenant de 45 ans, Le Western Italien passe fort bien l'épreuve du temps, en dépit de petites erreurs dues à la technique critique d'alors: prises de notes manuscrites dans les salles obscures, à la lueur d'une petite lampe de poche, et ou enregistrement sur cassette des bandes son.


Les auteurs dressent une liste de 200 films, à rectifier parfois: Maintenant on l'appelle Plata n'est pas vraiment un western, même si l' équipe Colizzi, Spencer et Hill s'y retrouve; quelques titres sont mal traduits en français; certaines dates correspondent à la sortie internationale d' un film, pas à sa date de production et tournage.


Si l'occasion se présente, l'afficionado de western spaghetti ne doit pas hésiter à acquérir Italian Western The Opera of Violence. Il reste aussi un précieux témoignage sur une perception du western spaghetti contemporaine au genre.

Italian Western The Opera of Violence, couverture de l'édition originale anglaise (1975).


Laurence Staig, Tony Williams, Italian Western The Opera of Violence, Lorrimer, Londres, 1975.

Laurence Staig, Tony Williams, Le Western Italien, Marc Minoustchine, 1977, pour la traduction française.

lundi 28 juin 2010

"BLIND MAN", CINEREVUE, MAI 1972.


Cine Revue, N° 18, 4 mai 1972, consacre quatre pages à Blind Man, Ferdinando Baldi (1971), raconté par Roland Fougères et illustré de photographies en noir et blanc ou couleurs.










Un bel exemple de contamination: Blind Man importe le thème de la colonie des femmes perdues de Convoi de femmes (1951), William Wellman, mais aussi du mélo italien: Riz Amer (1949), Giuseppe de Santis; La fille de la Rizière (1956), Raffaelo Matarazzo, ou encore du cinéma d' aventures: L'île des filles perdues (1962), Domenico Paolella.


Dans Texas Adios (1966), Ferdinando Baldi utilisait déjà de cette imagerie, devenue dans Blind Man l' argument dramatique et érotique du film.



Magda Konopka, Forteresse El Condor, Llanos del Duque, Gergal (Almeria), juillet 1971.



Malgré le luxe des moyens mis en oeuvre, Blind Man est un échec commercial signifiant la fin d'une orgie populaire: celle du western spaghetti.



Tony Anthony, Fuerte Gobi, Tabernas (Almeria), juillet 1971.
"...un western surréaliste plein de bruits étranges et de cris perçants." selon Laurence Staig et Tony Williams, Le Western Italien (1975), Editions Marc Minoustchine, 1977.



Tony Anthony, Lloyd Battista, Ringo Starr, Fuerte Gobi, Tabernas (Almeria), juillet 1971.



Sources:
Cine Revue N° 18, 4 mai 1972: Le Justicier Aveugle, raconté par Roland Fougères.
Laurence Staig et Tony Williams, Le Western italien (1975), Editions Marc Minoustchine, 1977 pour la traduction française.
Carlo Gaberscek, Il Vicino West, Ribis, 2007.

mardi 22 juin 2010

"MON NOM EST PERSONNE": DECOUPE DECORS ET DETAILS (7)

Centre de l'espace et des regards, Personne se tient au croisement du Camino de Gor et de la piste GR-6103, qui passe juste devant la maison coloniale, Poblado Leone, vers juillet 1973.

Tout à doite en bas du cadre, l'ombre portée du Saloon: une des rares plongées sur Poblado Leone, visualisant la topographie des lieux.


Ernesto Gastaldi décrit minutieusement dans le script original la maison bourgeoise de Sullivan, au portique ostentatoire importé de l'Est et décalé au Nouveau-Mexique: le territoire sauvage se construit en état capitaliste.


La séquence évoque aussi l'éveil matinal de la petite cité de l'Ouest, dont il ne reste rien d'autre dans le film que des coups de marteaux ou encore quelques images vraisemblablement tournées, mais seulement montrées dans des photographies d'exploitation.



Au pied de la piste GR-6103, la maison de Sullivan, façade all' antica, en 1974. Le décor est entouré de barbelés protecteurs. Tout à gauche en bas de l'image, la piste de terre qui coupe en deux le set. Cette maison bourgeoise, construite en dur...

... est l'ancienne Flagstone First National Bank, Il était une fois dans l'Ouest (1968).



Coup de zoom sur la tête de Sullivan (Jean Martin) qui réduit à un seul plan les longues séquences prévues par Ernesto Gastaldi, à l'intérieur de la maison: elles opposent le caractère du patricien, Sullivan, effarouché par le sang qui coule des meurtres qu'il ordonne, à ses hommes venus de la plèbe.





El Camino de Gor, champ (juillet 1973) et contre-champ sur fond de Sierra Nevada, vers 1974.







Jouer de son image dans le miroir, c'est aussi s'assurer la maîtrise de l'espace et des profondeurs truquées qu'il dévoile. Terence Hill, Poblado Leone, vers juillet 1973.



Du Camino de Gor à la piste GR-6103, reconstitution du panorama, montage numérique. Le plan en croix permet de démultiplier les espaces et les lieux.





Personne: acteur et spectateur du jeu optique qu'il met en scène...





El Camino de Gor, set de Poblado Leone, sur fond de Sierra Nevada:
-vers juillet 1973.
-vers avril 1989-1990.

Les superstructures de bois encadrant le Saloon pour l'élargir ont disparu. Les maçonneries de brique rouges sont les rares vestiges à ne pas avoir été démontés par le temps, les intempéries, et les populations locales qui y ont trouvé les matériaux pour leurs propres habitations.






L'Hotel de Paris, une façade ouverte sur le vide.
-vers juillet 1973.
-vers 1974.



Un reste elliptique d'une scène écrite bien plus longue: dans le scénario original, les commerçants de la ville font l'obole à la Horde Sauvage en apportant des vivres de toutes sortes sur des chariots. De l' Hotel de Paris, Beauregard observe, par la fenêtre, un armurier donner des bâtons de dynamites aux artificiers de la Horde. Ces gros plans appartiennent à une vue subjective de Beauregard, rapidement montrée dans le film.
Selon son scénariste, Mon Nom est Personne fut un film difficile à monter.


Les verroteries des selles brillent au soleil. Elles fournissent à Personne la clef de son dispositif: de futures cibles toutes désignées pour le duel final entre Jack Beauregard et la Horde.




Décor et arrière-cour: marqués d'un carré rouge sur le photogramme ci-dessus (juillet 1973), l'Hotel de Paris et l'étable; les mêmes photograhiés à revers, vers 1974 : vérité et faux-semblant de cinéma.






Sources iconographiques:
Il Mio Nome è Nessuno (1973), DVD CVC, Mondo Home Entertainment, 2005.
Mon Nom est Personne, photographies d'exploitation.
Souchon, photographies de Poblado Leone, 1974, "Un bout de Far-West en Andalousie", Formule 1 N° 52, 31 décembre 1975.
Jo, Ektachrome, vers 1989-1990.
Il était une fois dans l'Ouest (1968), photographie d'exploitation.


Poblado Leone est une réalisation de Carlo Simi (construction: 1968), remaniée par Gianni Polidori, pour Mon Nom est Personne (1973), Estacion de La Calahorra, (Grenade), Espagne.


Sources extérieures d'information:
Ernesto Gastaldi, Il Mio Nome è Nessuno, 1972-1973, chez l'auteur, sans date.
Marcello Garofalo, Tutto il cinema di Sergio Leone, Baldini & Castoldi, 1999.