mardi 4 mai 2010

"CIAK MULL", E.B. CLUCHER, 1969.


L'éditeur Seven 7 relance sa collection de Westerns Spaghetti avec quelques titres déjà publiés chez Evidis, dont le premier film d'Enzo Barboni, alias E.B. Clucher: Ciak Mull (1969). Un essai pour l'ancien chef-opérateur de Django avant le succès des Trinita et autres comédies.


Seven 7 met le paquet sur l'image, en tous points digne d'éloge: master italien neuf, 1.66 anamoporphique. Hormis quelques très rares gros plans, la copie est donc parfaite, comparable aux premiers disques de la collection Seven 7 sortis il y a plus de cinq ans ou à ce que peuvent faire de mieux Koch Media et M6, sans restauration HD toutefois. (Version française seule.)

Profondeur de champ, volume, saturation des couleurs, perfection des contrastes, et spécialement dans les nombreuses scènes nocturnes, tout est fait pour mettre en valeur le film, au potentiel commercial plutôt modeste. Ciak Mull en sort transformé.


Séquelle de Django (Sergio Corbucci, 1966) et de Le Dernier des Salauds (Ferdinando Baldi, 1969), Ciak Mull est aussi une production de Manolo Bolognini pour BRC et ceci explique celà.

On jurerait ce film, une histoire de famille et d'amnésie, écrit par Franco Rossetti (Django; Django prépare ton cercueil ), destiné à Ferdinando Baldi.

Marco Giusti nous en apporte la confirmation. Ferdinando Baldi devait réaliser Ciak Mull, mais à la suite d'un désaccord avec Bolognini sur le choix d'Anabella Incontera, remplacée par Evelyn Stewart, le producteur offre le film à Barboni pour l'aide précieuse apportée à la réalisation de Django.


Tourné à l'automne 1969, Ciak Mull renoue avec la tradition du Western Spaghetti noir, froid et boueux, mâtiné de cinéma fantastique et de mélodrame. L'ensemble n'est pas vraiment mis en scène. Cela reste un film de chef-opérateur, les images sont belles, les cadres de qualité. Mario Montuori (Le Dernier des Salauds), crédité à la direction des lumières, imite le chef-opérateur Enzo Barboni sur Django et ses séquelles. L'amateur reconnaît les lieux familiers du western tourné en Italie: la cascade et le moulin de Monte Gelato (Django, Prépare ton Cercueil) ou les forêts de Manziana (Cinq gâchettes d' or, 1968, Tonino Cervi).

La qualité réelle du récit et des images, bien montées par Eugenio Alabiso, la musique de Riz Ortolani, font passer la sauce. Chacun y va de sa petite imitation de Django dans le revenant qu'il compose: Leonard Mann, Peter Martell, qui se sont déjà croisés l'été 1969 sur le tournage de Le Dernier des Salauds; et même Georges Eastman, compagnon de Woody Strode, tout frais sortis d'une autre (encore) production de Manolo Bolognini, La Colline des Bottes, filmée à Almeria en août 1969.

Barboni préfère de toute évidence l'humour: une séquence de repas préfigure les petits festins de On l'appelle Trinita (1970), Woody Strode s'amuse à chanter dans l'église des Studios Elios au son d'une belle orgue style Liberty, complètement décalée ici.


Un produit modeste, au budget étriqué comme souvent le sont les productions BRC de Manolo Bolognini, mais de bonne facture et finalement très appréciable via cette édition DVD Seven 7, pour ceux qui ne connaissaient ce film que par l'antique VHS très mauvaise (VIP) ou le DVD honorable de Evidis.

Pour la petite histoire, Enzo Barboni, très conscient sur le set de ses limites à réaliser un film sérieux, propose sans relâche le script déjà prêt de On l'appelle Trinita (1970) à Manolo Bolognini qui n'a de cesse de le refuser parce qu'il ne croyait qu' au western tragique...


Sources extérieures d'informations:
Marco Giusti, Dizionnario del Western All' Italiana, Mondadori, 2007.

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